Ephémère
Je m’effacerai
Comme une feuille au vent
Qui aura tourbillonné
Un tout petit instant
Je m’effacerai
Comme une lettre oubliée
Qui aura signifié
Un tout petit instant
Je m’effacerai
Comme un pas dans le sable
Qui aura existé
Un tout petit instant
Je m’effacerai
Comme une hirondelle
Qui aura voyagé
Un tout petit instant
Je m’effacerai
Comme un strapontin
Qu’on aura occupé
Un tout petit instant
Je m’effacerai
Comme une fumée
Qu’on aura entrevue
Un tout petit instant
Je m’effacerai
Comme un bonheur fugace
Qui aura transité
Un tout petit instant
Je m’effacerai…
In Dialoguer en poésie recueil collectif 2022
ARLES
Arles au coin d’une rue
Le Rhône majestueux
Impétueux séculaire
Comme une tranchée vive
Blessure entre les rives
Beau costume arlaten
Dont se parent les Reines
Sur des chevaux nerveux
A l’œil inquisiteur
De coquins en goguette
Arles au coin d’une rue
Silence des arènes
Sous le plomb de midi
Le touriste échauffé
Cherche l’ombre et déserte
Les rues où les volets
Peinent à retenir l’ombre
Place de la mairie
Les photographes en herbe
Se souviennent de Clergue
Arles au coin d’une rue
Vaillance des toros
Aux mufles haut dressés
Aux cornes aguichantes
Ici finit l’Espagne
Dans un éclat mystique
Et la via Aurélia
De sa sinuosité
Dessine une grande ourse
De la romanité.
(Carnets de voyages, in Mémoires en couleurs, édition 9éditions)
Castellucchio
Te souvient-il de notre haleine
Accordée au vent aquilin
Qui transperçait la Grande Plaine
En dévalant des Sibillins ?
Te souvient-il de ce skieur
Mince trait lointain d’encre noire
Que dessinait un dieu rieur
En une trace aléatoire ?
Te souvient-il de cette pomme
Partagée contre la bourrasque
Au talus d’un chemin sans homme
Au ras de pivoines fantasques ?
Te souvient-il de nos deux mains
Enlacées vivantes et heureuses
Anticipant les lendemains
Comme d’infinies amoureuses ?
Te souvient-il d’une seconde
Où nos silhouettes tourmentées
Au haut de la vallée profonde
Ont contemplé l’éternité ?